Le cormier, Sorbus domestica, arbre en voie de disparition
Publié le 9 Décembre 2008
Le cormier ou sorbier domestique, Sorbus domestica, synonyme Cormus domestica, famille des Rosacées, était cultivé pour ses fruits, les cormes, et son bois il y a fort longtemps.
Mon cormier vient de Saint-Aubin-du-Cormier, commune d'Ille-et-Vilaine. C'est donc, qu'en ce lieu, il y avait beaucoup de cormiers.
Aujourd'hui, le cormier a pratiquement disparu de nos campagnes. Dans quelques endroits de France et d'ailleurs, on peut encore admirer de très vieux, 400 à 500 ans, et très imposants cormiers.
Quelques adhérents de la Société d'Horticulture du Bas-Léon, ont eu l'opportunité d'acheter, samedi dernier, des jeunes plants de cormiers.
Le cormier est un arbre qui, avec beaucoup de temps, peut atteindre 20 mètres de haut et plus encore.
Donc puisque l'arbre vit longtemps, cela veut aussi dire qu'il pousse lentement mais pas dans son jeune âge. Au bout de 10 ans, dans de bonnes conditions, il atteindra 5 mètres et le double au bout de 20 années.
C'est un arbre de lumière, essence héliophile, qui affectionne les sols profonds. Plusieurs racines principales s'enfoncent profondément à la verticale en terre.
Les premières fructifications, si tout va bien, se feront autour de la quinzième année.
Et en attendant les premiers fruits, nous aurons tout le loisir de le voir grandir et de l'admirer car le cormier est un très bel arbre décoratif.
Le tronc reste lisse les premières années, jusque l'âge de 7 ans environ, puis l'écorce devient gris brunâtre foncé et se fissure pour ensuite prendre l'aspect d'une carapace ; l'on dirait que le tronc est recouvert d'écailles à la façon d'une toiture recouverte de tuiles.
Pinus canariensis, le pin des Canaries, a également un tronc recouvert d'écailles : arbre vu à Menton et dans le Jardin Blandy, Palheiro Gardens à Madère.
Le bois du cormier est un des bois les plus durs qui soient, plus lourd que le chêne. Il fut très utilisé en ébénisterie et pour beaucoup de pièces mécaniques, ce qui explique aussi en partie sa disparition.
Ses feuilles ressemblent aux feuilles du sorbier des oiseleurs, Sorbus aucuparia, composées de 11 à 15 folioles. Mais les folioles ne sont dentées que sur les deux tiers des bords supérieurs contrairement au sorbier des oiseleurs qui ont leurs folioles entièrement dentées. Elles prennent de magnifiques couleurs jaune orangé puis rouge à l'automne.
Au printemps, le cormier devient un magnifique arbre d'ornement par sa floraison. Ses corymbes de 35 à 75 fleurs blanches parfumées comme celles du sureau noir, Sambucus nigra. Les corymbes du sorbier des oiseleurs, de 200 à 300 fleurs, ont une odeur désagréable.
Les fleurs hermaphrodites, c'est-à-dire, mâles et femelles à la fois, sont nectarifères et mellifères, elles attirent les abeilles par leur riche nectar. Il suffit donc de ne planter qu'un seul arbre pour avoir des fruits ; mais la fructification sera plus importante et les fruits plus gros en présence de plusieurs arbres.
Les fruits du cormier, les cormes, ressemblent à de petites poires, Sorbus domestica f. pyriformis, ou à de petites pommes, Sorbus domestica f. maliformis.
Les cormes sont comestibles une fois blettes. On peut les consommer fraîches, séchées, en confiture ou en pâte de fruit. Autrefois, on en faisait aussi une boisson fermentée, fortement alcoolisée, le cormé, tout comme le poiré. On en faisait également une sorte de piquette, peu alcoolisée, qui remplaçait le cidre dans certaines régions.
Mais une autre des raisons de sa disparition est sa difficile germination.
Personne ne s'accorde sur la question pour l'instant, mais il est certain que les graines ont besoin d'un temps de stratification plus ou moins longs pour induire le processus de germination. Dans notre région littorale aux hivers doux, un passage de deux mois au réfrigérateur est donc nécessaire, mais cela est encore parfois insuffisant.
Le bouturage de racines est la meilleure façon de le propager.
Comment faire ? Creusez la terre sur un côté de l'arbre jusqu'à rencontrer une racine de la grosseur d'un crayon papier et tout en faisant attention à ne pas blesser les radicelles. Sectionnez un tronçon de 15cm de long muni de ses radicelles. Repérez bien le haut du bas.
Déposez ce tronçon, à la verticale, dans un mélange "spécial bouture". Remplissez le pot en prenant soin de bien installer les radicelles dans leur position d'origine. Le haut de la bouture doit affleurer le sol sans le dépasser. Arrosez mais pas trop, la bouture pourrait pourrir.
Surveillez la bouture tout l'hiver. Au printemps, bourgeons, puis petites feuilles devraient apparaissent.
Beaucoup d'autres arbustes et arbres, non greffés, peuvent se bouturer de cette manière durant la période de repos de la végétation : aralia, azalée, céanothe, lilas, paulownia, poirier, pommier, rhododendron, etc.
Pour certaines plantes, les boutures seront placées à l'horizontale et recouvertes de 2 à 3 cm de terreau : consoude, delphinium, framboisier, kniphofia, pavot vivace, etc.
Le greffage. Pour une mise à fruits plus rapide, on peut également greffer le cormier sur aubépine, cognassier ou poirier mais l'arbre sera moins beau et sa durée de vie en sera réduite.
Le cormier, ce bel arbre, devenu trop rare, est tombé dans l'oubli.
Il est de notre devoir, nous, les adhérents des Sociétés d'Horticulture et Associations de jardinage de réhabiliter Sorbus domestica en l'introduisant dans nos jardins.
Des cormiers vont être plantés dans notre verger conservatoire.
Pour la sauvegarde de cette espèce, faites comme nous, plantez un cormier.
Beaucoup de réponses dans les commentaires.
Pour en savoir plus sur le cormier, un livre :
"Le traité du Cormier" de Evelyne Moinet, édité par la Société d'Etude et de Protection de l'Environnement Nord et Est Sarthe.
code ISBN : 978-2-9533950-0-6. Dépôt légal : mai 2009.
Kenavo