Publié le 17 Octobre 2024
Une vingtaine de membres de la Société d'Horticulture du Bas-Léon (SHBL) se sont rendus à Daoulas ce samedi 12 octobre pour visiter les jardins de l’Abbaye.
/image%2F0553945%2F20241016%2Fob_db0ac9_capture-d-ecran-2024-10-16-100957.jpg)
Nous avons été accueillis par Pascal Vieu, botaniste et gestionnaire des collections végétales pour les Chemins du patrimoine en Finistère et Chloé une des jardinières en charge de l'entretien sur le site et adhérente de l'association.
Pour la petite histoire :
Le conseil général, devenu propriétaire du site en 1984, décide de créer un jardin de simples sur une terrasse consacrée aux plantes médicinales d’Europe Occidentale.
En 1996 avec le passage à une surface de 4000m², une deuxième terrasse est créée avec un jardin des plantes médicinales issues des cinq continents dans ce qui fut, au Moyen Âge, les jardins de l'abbaye mais dont il ne restait quasiment rien.
Elles sont alors composées de trois cents espèces de plantes médicinales. Chacune s’adaptant tant bien que mal au climat breton à laquelle se greffent 130 plantes médicinales dites sauvages.
Le label Jardin Remarquable est attribué depuis 2012 aux terrasses des simples de l'Abbaye de Daoulas, "Ce label de qualité est attribué par le ministère de la Culture pour une durée de cinq ans renouvelables à des jardins présentant un intérêt culturel, esthétique, historique ou botanique, qu’ils soient ou non protégés au titre des monuments historiques."
Les tempêtes successives n'ont pas épargné de grands arbres, avec le temps, le parc s'était dégradé
l'équipe de l'abbaye s'est donc lancée dans la création d'un jardin d'arbres médicinaux, il y a près de vingt ans.
Au total, aujourd'hui 750 essences cohabitent dans les 4 hectares de jardins de l'abbaye de Daoulas.
******************
/image%2F0553945%2F20241017%2Fob_bf50bd_ze.jpg)
Pascal, commence par nous mettre en garde sur la toxicité des plantes médicinales, c'est donc avec prudence que nous allons au cour de la déambulation porter à la bouche fragments de feuilles, fleurs, fruits voir bonbons...
Notre guide nous rappelle que nous possédons 4 saveurs primaires, perçues par les papilles : salé, sucré, amer et acide. Les sens liés au goût : Odorat (parfums), Toucher (brûlant du piment, anesthésie du cresson de Para ou du poivre du Sichuan, fraîcheur du menthol, astringence...), Umami (certaines molécules augmentent la perception des goûts : algues, sauce soja, champignons...), Synesthésie ( vue, état psychologique ou facteur culturel).
/image%2F0553945%2F20241016%2Fob_952efd_capture-d-ecran-2024-10-16-100425.jpg)
Des expériences gustatives qui nous procurent toutes sortes de sensations : un goût agréable, une amertume, un anesthésiant, une texture mucilagineuse, une saveur sucrée, une acidité, un pétillement, un parfum fruité...
Nous nous souviendrons de ces plantes rencontrées ici : Houblon, tagètes, berberis, basilic, des fruits goyavier du Chili, genièvre, canneberge, cornus mas, rau ram, verveine, brède mafane, camomille, zanthoxylum, aupépine...).
Durant l’antiquité et le Moyen-Âge les épices étaient d’abord des médicaments. C’est avec le développement de la pharmaco chimie que ces plantes sont devenues d’abord alimentaire.
Toutefois nombre d’entre elles entraînent des interactions médicamenteuses parfois très dangereuses, soit en antagonisme, soit en synergie ( réduction de l’efficacité, diminution de l’absorption, inhibition enzymatique, augmentation de l'hépatotoxicité de certains médicaments.
En médecine traditionnelle il est parfois nécessaire de donner un « goût de médicament » pour convaincre le patient de la réalité de l’efficacité du remède. .
En revanche en médecine moderne, il faut souvent au contraire dissimuler le goût désagréable du médicament pour éviter les phénomènes de rejet par les enfants ou les malades chroniques.
Les toniques amers : les « digestifs » alcoolisés contiennent presque tous des plantes médicinales au goût amer : hysope, gentiane jaune, quinine, absinthe, orange amère permettant l'évacuation des toxines par le foie et les reins.
En phytothérapie, on distingue 3 amertumes :
Pure : pissenlit, chicorée, artichaut, gentiane jaune...
Aromatique (huiles essentielles) : Myrica gale, hysope, absinthe, houblon, tanaisie, camomille...
Âcre (piquant / brûlant) : galanga, gingembre, brassicacées...
Dans les Médecines asiatiques, le but est de ne pas tomber malade en maintenant des équilibres et une bonne hygiène de vie par une prévention par l’alimentation : gingembre, Houttuynia, shiso...
/image%2F0553945%2F20241016%2Fob_00b434_y.jpg)
Pascal attire notre attention sur la gestion dite différenciée du parc:
Il s’agit d’un mode d’entretien écologique qui favorise la biodiversité en différenciant l’entretien des différentes zones de l’espace vert pour une gestion sur mesure de chaque zone. Il y a dans ce parc peu d’espaces tondus, une bande de pelouse rase en bordure des espaces verts pour éviter la verse des herbes hautes sur les passages réservés aux visiteurs.
L’entretien des jardins de l’abbaye est assuré par les trois jardiniers de l’abbaye de Daoulas qui s’appuient sur les compétences du gestionnaire des collections végétales.
Ce triptyque «plante, santé, culture» est omniprésent à Daoulas.
Nous avons apprécié cette découverte du jardin durant près de 3 heures.
Une visite qui nous aura aidé à mieux comprendre les pharmacopées traditionnelles et les plantes qui leur sont associées.
Un grand Merci à Pascal et Chloé pour avoir partagé leurs connaissances avec passion avec notre groupe.
Notre visite s'est achevée par la visite de l' exposition "Des samouraïs au kawaii" qui explore les relations tissées entre le Japon et l’Occident, du 16e siècle jusqu’à nos jours.
Prochaines activités de l'association sur inscriptions :
Samedi 26 octobre : visites de Pépinières Kérisnel à Cléder et Plougoulm
Samedi 23 novembre : Bourse aux plantes à Plouguin
Voir le fichier des inscriptions